Faire avec la ville : modes d'existences urbaines LGBT
Arnaud Alessandrin  1@  
1 : Université de Bordeaux
Université de Bordeaux (Bordeaux, France)
Bordeaux -  France

RESUME

En 2018, Johanna Dagorn et moi-même réalisation (pour la ville de Bordeaux) une enquête sur l'expérience urbaine des LGBT[1]. Etaient alors interrogées leurs relations aux espaces publics, aux services publics[2], leurs chaînes de déplacements ainsi que leurs modalités de résistance aux haines rencontrées. Unique à l'échelle d'un territoire municipal français[3], cette enquête de victimation s'est déployée autour d'une méthode mixte : qualitative (par entretiens) et quantitative (1643 réponses). Elle permet de rendre compte des violences subies par les personnes LGBT au cours de l'année écoulée, dans différents espaces et dans différents services de la ville ainsi que dans différents contextes urbains (espaces festifs, nocturnes, de consommation ou d'étude par exemple).

Pour cette communication il s'agira non seulement de revenir sur les données génériques de cette recherche, mais aussi de regarder, à travers les espaces et les mobilités des populations étudiées, quelles micro-stratégies les personnes LGBT mettent en œuvre pour avoir une vie urbaine vivable, un climat urbain supportable. Il ne sera donc pas question de grandes manifestations, de collages collectifs ou de prise de parole publique, mais de petites résistances quotidiennes[4]. Mais comme il sera impossible d'amalgamer les lesbiennes, les gays, les personnes bisexuelles et trans (sinon à les comparer à des études similaires réalisées auprès des hommes et des femmes sur ce même territoire[5]), des strates spécifiques seront présentées. De plus, les facteurs « âge » et « critères cumulés de discriminations » (comme le racisme) seront aussi interrogés de façon à observer les influences multiples qui s'inscrivent dans les stratégies de déplacement des LGBT dans la ville.


[1] Rapport disponible en ligne : « Les LGBTphobies dans Bordeaux ». Lire une synthèse dans : Alessandrin Arnaud, Dagorn Johanna et Charasse Chad, « Quelle ville pour les LGBTIQ ? », Le rôle de la ville dans la lutte contre les discriminations (Alessandrin et Dagorn dir.), MSHA, pp : 71-85, 2020.

[2] Il est à noter que la ville a longtemps été interrogée comme un « espace » et moins comme une fournisseuse de services, notamment d'emplois.

[3] D'autres données statistiques nationales sont disponibles, comme celles de l'enquête Virages et de son volet LGBT. Lire à cet égard : Mathieu Tracham, Tania Lejbowicz, « LGBT : une catégorie hétérogène, des violences spécifiques », Violences et rapports de genre (Brown, Debauche, Hamel et Mazuy dir.), pp : 355-391, INED édition.

[4] A cet égard, lire par exemple : Marianne Blidon, « La casuistique du baiser », EchoGéo [En ligne], 5 | 2008, mis en ligne le 13 juin 2008, consulté le 19 mars 2021.

[5] Lire par exemple, Johanna Dagorn, Laetita Cesar(Franquet et Arnaud Alessandrin, « La nuit, tous les déplacements des femmes sont gris », CAMBO, 9, p: 81-82, 2018 ; ou bien Johanna Dagorn et Arnaud Alessandrin « Femmes et espaces publics », Hommes et Libertés, 177, pp : 43-49. Mars 2017.

 


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